Entretien exclusif avec Pierre Musso : « L'industrie est avant tout une vision du monde »
Pour résumer la carrière de Pierre Musso, il faut se lever tôt. Quelle fierté de l'accueillir sur #Industry4Good, pour parler du futur de l'innovation, de l'industrie et de nos sociétés.
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En avril 2020 je finissais la lecture de l’ouvrage qui me poussera à lancer la newsletter #Industry4Good : « La Religion industrielle » de Pierre Musso. C’est à ce moment que je réalise la place centrale et structurante qu’occupe l’industrie au cœur de notre société. Au cœur de la notion-même de progrès sociétal.
Je découvre à travers ce livre que l’histoire de l’industrie est autant connectée aux sciences dures, aux sciences humaines qu’au simple fait de croire en une puissance divine.
Les premières usines ont été inspirées de l’efficacité productive des moines bénédictins. Ces moines ont développé des méthodes de production les plus efficaces possibles dans l’optique d’allouer un maximum de leur temps à la prière, tout en parvenant à nourrir tout le monde. Le « Moine-agement » naissait donc, plus de 15 siècles en arrière. J’ai été conquis par ce type d’anecdote, dont le livre regorge.
Je vous propose un entretien exclusif avec Pierre Musso (son parcours ici), qui a accepté de répondre à la question suivante pour vous : comment la France et l’Europe peuvent augmenter leur capacité d’innovation industrielle ?
Bonne lecture ! 👍
Pierre, on décrit souvent en France des freins à l’innovation industrielle de rupture. Qu’est-ce que cela vous évoque ?
P.M. Lorsque l’on évoque les freins à l’innovation industrielle en France, on met systématiquement en cause notre bureaucratie et le rôle de l’État. Il y a naturellement une part de vérité. Nous sommes un pays extrêmement centralisé, verticalisé et néo-jacobin (jacobinisme : « doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française »). Ça n’est pas nouveau, c’est lié à l’histoire de la France et ça remonte à la monarchie, à Napoléon. Mais en même temps c’est ce qui a fait l’identité de la France : le fait que la nation s’est constituée avec et par l’État. C’est l’identité même de l’histoire politique, sociale, culturelle et industrielle de notre pays. L’Allemagne ou l’Italie, à l’opposé, sont des pays industrialisés extrêmement décentralisés, depuis toujours.
Une des clés de notre capacité à être à la pointe en matière d’innovation industrielle, c’est la valorisation des territoires, notamment autour des grandes métropoles. C’est de mettre en avant les acteurs de l’industrie, de l’économie, du progrès technologique et social, mais en régions. Et encore plus important : considérer et s’inspirer de l’écosystème de coopération entre ces acteurs dans le domaine de l’innovation sur les territoires, les régions, les bassins. Quand on prend la Vendée - qui reste très industrialisée, très dynamique - son taux de chômage est bien en-dessous de la moyenne nationale. Pourquoi ? Parce qu’il y a un tissu vivace créé entre les acteurs économiques, sociaux, politiques.
Autre système de relations qui est insuffisant en France : celui qui existe entre le système de recherche (en particulier les universités), les grands laboratoires et les industriels. Ça c’est une vraie faiblesse, qui provient non seulement d’un manque de coopération, mais également du sous-investissement en matière de recherche. D’ailleurs quand vous regardez le classement mondial des pays les plus innovants, souvent l’innovation va de pair avec le développement de l’industrie.
La Suisse est considérée dans le monde comme le pays le plus innovant et le plus industrialisé bien que très « vert ». C’est un des pays qui investit le plus dans la R&D.
« La France investit 2,2 % de son PIB dans la recherche, quand la moyenne des pays de l’OCDE est de 2,6 % »
Les USA c’est 3 %, Israël 5 %, la Suisse et le Japon 3,5 %, l’Allemagne plus de 3 %. Ce manque d’investissement a un impact immédiat sur l’industrie et sur l’innovation, en particulier sur l’innovation de rupture.
Il y a un second élément dans la R&D qui est important : nous avons une segmentation verticale des institutions (CNRS, universités, grandes écoles et entreprises) qui est suicidaire à mes yeux. Il suffit de regarder le classement de Shanghai pour le constater. Il faut resserrer le lien entre ces organisations. Cette lacune pénalise aussi bien l’enseignement supérieur que la recherche et l’innovation.
Le modèle des grandes écoles a son avantage : développer la recherche en lien avec les entreprises, puis soutenir le modèle de l’incubateur, puis passer de l’incubateur à la startup, et éventuellement de la startup à la licorne. Mais ce schéma linaire de la vision de l’innovation est assez erroné à mon avis. Vous trouverez sans encombre des contre-exemples... Nous sommes devenus en moins de 10 ans les champions d’Europe (voire du Monde) de la création de startups. Nous avons une volonté et des atouts, mais une insuffisance en matière de lien sur les territoires en particulier entre R&D et industrie.
Le deuxième élément qui me semble pénalisant et qui est peu évoqué c’est que le système bancaire et financier n’est pas assez mobilisé sur les startups et l’innovation. La finance doit prendre des risques pour l’innovation en matière d’investissements. On a oublié que c’est le rôle du secteur bancaire ! Par définition, il ne faut pas attendre des investissements dans l’innovation qu’ils aient des retombées à court-terme. La force de l’industrie c’est qu’elle peut penser et agir sur 15 ou 20 ans, voire davantage encore en matière énergétique, où les cycles d’innovation sont de 40 ou 50 ans. Mais quand vous êtes dans un raisonnement purement financier, que vous cherchez un ROI à un, deux ou trois ans, c’est sûr que prendre des risques avec des startups ou bien d’autres secteurs industriels, c’est une vraie difficulté. C’est pour ça qu’a été créée en France la BPI (banque publique d’investissement), mais ses actions ne suffisent pas. On a vu Bpifrance être actionnaire d’une petite startup nantaise qui a développé un vaccin, et pourtant nous n’avons pas été en mesure de la développer et les Britanniques ont finalement récupéré la mise.
On reproche souvent à la France de se focaliser sur la R&D dite « amont » et pas assez sur la recherche applicative. Cette critique est juste, mais ce phénomène est pour moi principalement lié à la faiblesse du lien entre l’enseignement supérieur, la recherche et le secteur industriel.
Les discours de Bercy (Agnès Pannier-Runacher en particulier) donnent vraiment l’impression que les choses avancent en matière d’innovation industrielle. Faites-vous le même constat ? Les faits suivent-ils les effets d’annonce ? (France Relance, vague de réindustrialisation, modernisation de l’industrie, potentiel côté emploi)
Pour revenir aux politiques, je dirais qu’en France et en Europe (à l’exception de l’Allemagne), l’idée de politique industrielle a été très largement mise entre parenthèses, pour ne pas dire abandonnée. Cet abandon date du début des années 80 et s’arrête entre 2010 et 2015, c’est-à-dire pendant plus d’une génération. Au nom de quoi ? Au nom du fait qu’on entrait dans une société soi-disant post-industrielle, une erreur sans nom qu’a beaucoup développé Alain Touraine, le sociologue français. Cette vision, bien qu’estompée aujourd’hui, réduit l’industrie à une vision politique de la manufacture et de la mécanisation du 19è siècle. Dans « La Religion industrielle » j’insiste beaucoup sur le fait que l’industrie, avant d’être une réalité technoscientifique et de fabrication, était d’abord une vision du monde, un paradigme qui a été longuement construit.
Si on ne change pas de paradigme et qu’on reste sur une vision de l’industrie représentée sous la forme de l’exploitation des hommes et de la nature, forcément il y a un couac. L’industrie d’aujourd’hui ne ressemble plus à cela, le plus tôt on se débarrasse de l’ancien paradigme, le mieux c’est.
Bien sûr il reste une industrie manufacturière, et c’est la seule qu’on implique dans les statistiques lorsqu’on dit que l’industrie représente 11-12 % du PIB français, justifiant par ces chiffres la désindustrialisation dont on parle tant. Je pense au contraire, comme Pierre Veltz, que nous sommes dans une société plutôt hyper-industrielle, et que l’image de désindustrialisation que l’on donne est basée sur une vision post-industrialiste. Une vision qui consistait à développer dans notre pays les services à la place de l’industrie.
Si on suit les nomenclatures du 18è siècle en effet, on a trois grands secteurs de l’économie en France : l’agriculture, l’industrie et les services. On a quasiment vu disparaître l’agriculture qui est réduite aujourd’hui à 3 ou 4 % de la main d’œuvre sur le territoire, l’industrie qui subit le même sort et donc quasiment 80 % du PIB émanerait des services ? Cette idée est basée sur une nomenclature d’un autre temps, dépassée et erronée.
Tout simplement parce que la frontière entre services et industrie est totalement hybride, et les services sont complètement industrialisés aujourd’hui. L’industrie d’aujourd’hui, ça n’est pas la mécanisation mais la numérisation. Vous rentrez dans n’importe quelle entreprise de service, tout est lié à un système d’informations, connecté avec des écrans, des ordinateurs.
Partant de ce postulat et si vous cumulez services et industrie au sens des nomenclatures anciennes, alors vous arrivez à 30 % du PIB, et pas 11 ou 12. Vous arrivez alors à un taux d’emploi qui est beaucoup plus élevé, 25 % à peu près.
Autre sujet : vous savez que l’industrie, contrairement à ce qu’on raconte, ne produit que 25 % du CO2 national. L’essentiel de cette pollution (13 à 15 %) provient de la fabrication de cinq matériaux (on parle des matériaux énergo-intensif dans un épisode précédent).
Pour revenir sur les erreurs de vision et de stratégie industrielle, laissez-moi vous partager un exemple. J’étais avec mes étudiants de l’École des Mines à Bruxelles. On croise un commissaire britannique qui s’occupait des sujets liés à la concurrence. Je lui demande où sont les politiques industrielles de l’Europe. Il me répond que c’est quasiment une insulte de poser cette question, conspuant l’idée-même d’une politique industrielle qui viendrait perturber la concurrence, impliquant que les États soutiennent, planifient ou coordonnent les politiques des industriels.
Malgré tout, ce terme, « politique industrielle », revient à la mode. Thierry Breton en parle beaucoup à l’échelle européenne en ce moment, et c’est tant mieux. Malheureusement le mal est fait et nous avons pris un vrai retard intellectuel et politique en la matière.
Notre vision de l’industrie est dépassée. Nous ne sommes plus dans une industrie de production d’objets, mais de production de systèmes de relation comme la santé, l’éducation, la sécurité, l’alimentation. Tous ces grands secteurs sont des systèmes de relations qui passent par le numérique et par les réseaux. Et c’est que ce que les GAFAM ont compris bien avant tout le monde, développant ce modèle à grande vitesse depuis 15 ans. L’Europe et la France (à part quelques exceptions) ont loupé le tournant du changement de paradigme.
Est-ce que vous voyez des raisons d’être optimiste quant à notre capacité à développer une véritable vision industrielle ? Quand on voit la relance de la politique au plan avec François Bayrou (on l’embrasse), on donne encore l’impression de mener des actions d’un autre temps. Y a-t-il des éléments qui vous laissent penser que nous sommes en train de prendre la bonne direction ? Cette vision est-elle assez anglée, drastique pour imaginer les résultats attendus ?
Je pense qu’il faut vraiment bifurquer maintenant. Dans l’histoire que j’ai faite de l’industrie dans mon livre, en remontant au 12è siècle, les moments forts sont des moments de bifurcation, comme l’invention de la science moderne au 17è siècle qui permettra (rien que ça) d’appliquer la science au réel.
« On est à un moment de cette importance. On doit changer notre rapport à la nature, à la terre. On doit également mettre en œuvre nos systèmes de production autour du système d’information. »
Le fait de mettre François Bayrou à la tête d’une politique au plan (qui avait duré de l’après-guerre à 2006, nda), c’est l’indice d’un début de prise de conscience. Une prise de conscience accélérée par la pandémie actuelle, qui nous a fait voir avec les affaires des masques, des tests, des vaccins, que nous faisions face à une insuffisance industrielle. Nous devons retrouver la maîtrise des chaînes de production à l’échelle mondiale, et des chaînes de valeur.
L’idée qui a beaucoup affaibli les politiques industrielles en France et en Europe c’est qu’il fallait délocaliser les usines, notamment en Chine, au Viêtnam ou ailleurs, là où le coût de la main d’œuvre était plus bas. Tout le monde a alors délocalisé massivement. L’idée de relocaliser me semble cependant très limitée en matière de vision. Bien sûr qu’il faut relocaliser des industries du médicament, avoir des usines en France qui fabriquent du curare. Mais ça nous prendra 10 ans, et surtout ça n’amènera pas le changement de paradigme dont notre pays a besoin.
Nous sommes au tout début de ce changement, il faut qu’on aille plus vite et qu’on gère en parallèle la question de la transition énergétique, des écosystèmes territoriaux, avec des éléments de planification. Le mot de politique industrielle n’est plus banni, et c’est le signe d’un frémissement selon moi.
N’y a-t-il pas une forme de simplisme ambiant autour de ce qu’il est bien de produire chez nous ou pas ? Le curare, l’hydrogène, les usines de batteries, les masques, les vêtements made in France... Difficile d’y voir clair.
Encore une fois, c’est l’indice de l’absence d’une nouvelle vision. On reste enfermés dans un imaginaire simpliste : soit on retourne vers le passé et on relocalise les ateliers qui sont en Chine, soit l’industrie c’est terminé car c’est le diable, il faut l’abandonner au profit des services, car en plus elle pollue trop (un schéma de décroissance donc). Nous sommes enfermés dans ce schéma mental, et nos politiques essaient péniblement de naviguer entre ces deux extrêmes. Je travaille beaucoup avec d’autres acteurs sur la construction d’un nouveau schéma intellectuel et politique, dans l’optique de sortir de cet enfermement.
La délocalisation d’usines de fabrication de médicaments était fondée sur le faible coût de transport par containers.
« On a pensé qu’on pouvait totalement délocaliser l’industrie, créant une industrie dématérialisée en quelque sorte. »
Surprise : cette soi-disant brillante idée a généré un immense trafic logistique, extrêmement nocif pour l’environnement. On a épuisé la planète et on s’est épuisé nous.
On doit bâtir une vision de l’industrie dite humano-centrée, qui va tout de même de pair avec un changement de mentalité de consommation tourné vers davantage de sobriété. Nous devons sortir de la folie « production - consommation - destruction ». Même le recyclage ça ne suffit pas. Si on ne parvient pas à cela, le prix sera payé par les deux générations à venir.
L’industrie c’est d’abord la fabrication de systèmes de relations dans les secteurs qui sont liés à l’être humain : l’alimentation, la santé, la culture, les loisirs, le bien-être, la connexion, le divertissement. C’est l’essentiel de nos besoins finalement. C’est l’idée d’une économie du lien, une économie de l’accès. Il n’y a qu’à regarder les dépenses des ménages français ! La majorité de nos dépenses est liée à l’habitat, à la santé, à la connexion et à la mobilité.
Mais tout cela est intimement lié à la transition énergétique. Il nous faut une vision de long terme en matière d’énergie, à 40 ou 50 ans. Nous devons garder le nucléaire, très peu polluant, pendant au moins le demi-siècle à venir. Nous devons penser la transformation énergétique en mobilisant le système financier et le système de recherche sur la réduction de consommation d’énergie.
On en revient à ce que je disais précédemment : s’il n’y a pas de vision et de politique industrielle, énergétique suivie sur plusieurs décennies au moins, nous resterons à la traîne.
Si vous aviez le pouvoir et l’argent pour financer la Renaissance industrielle dont nous parlons depuis tout à l’heure, quels seraient vos angles d’attaque, et comment mettriez-vous cela en place d’un point de vue opérationnel ?
Premier axe : je mettrais le paquet sur la R&D. Vous allez me dire « il est chercheur, ça paraît évident… ». Mais il faudrait vraiment 1 % de plus du PIB investi dans la recherche pour atteindre la moyenne des pays comparables. On est à 2,2 %, il faudrait passer au moins à 3,2 %, tout en resserrant les liens en matière de recherche entre le CNRS, les grandes écoles et les industries.
Deuxième axe : redéfinir les politiques industrielles de long terme, avec des éléments de planification solides en particulier sur certains secteurs, en articulant tout autour de la transition écologique. Je renforcerais par la même occasion le lien entre le système financier et le système industriel, et arrêterais de faire courir les risques financiers à l’État uniquement, donc à ses contribuables in fine. Tout au long de l’histoire de l’industrie, les financiers se sont mobilisés autour de l’innovation de rupture. Les grands saint-simoniens du 19è siècle, les frères Pereire, qui investissaient avec beaucoup d’engagement et de risques dans l’innovation industrielle. Pour eux c’était une clé pour la nation, et ils avaient compris qu’il ne fallait pas être dans l’exigence d’un retour sur investissement court-terme.
Troisième axe : rapprocher les acteurs sur les territoires. Ça me semble très important. En travaillant avec la chambre de commerce régionale des Pays de la Loire j’ai souvent rencontré les industriels de Vendée. Nous avons beaucoup échangé sur le fait que cette vision industrielle est très ancrée chez les acteurs locaux, et que celle-ci se traduit par des coopérations permanentes. Je l’ai vu aussi dans la métropole élargie de Nantes où il y a un lien très étroit, quasiment quotidien, entre les différents responsables économiques du territoire, ainsi qu’une vraie solidarité autour de la valorisation de celui-ci.
Ce qu’on a appelé les clusters (avant qu’on utilise ce mot pour parler de la Covid) industriels occupent un rôle crucial à tout niveau. En Italie du Nord, ces clusters sont particulièrement actifs. D’ailleurs on les appelle les « multinationales de poche ». Souvent ça partait d’une famille dans une localité, où l’esprit d’entreprise était très fort, et ça s’étendait progressivement autour d’une vallée, d’une petite ville, comme c’est notamment le cas dans le Piémont, près de Turin. On y trouve un territoire complètement irrigué grâce à une collaboration intense, permanente et dynamique entre acteurs industriels, chercheurs, institutionnels, etc.
Vous pensez qu’on parviendra à sortir de l’esprit collectif cette image de l’industrie terne, sale et qui rémunère mal ?
C’est lié à la question culturelle que j’ai évoquée plus tôt. Depuis les débuts de l’industrie, on la considère soit comme une source de richesse, de bien-être et de progrès, soit comme un monde productiviste infernal. Ce côté manichéen a été amplifié par les écrits des romantiques du 19è siècle, en particulier Zola, qui certes décrivait un monde ouvrier faisant travailler les femmes, les enfants, mais qui a réduit l’industrie à la mine.
C’est cette image d’Epinal qui est restée très profondément ancrée et qui est encore enseignée dans les manuels scolaires. Je ne suis pas contre le fait qu’on l’enseigne, c’est notre histoire, mais je crois qu’il faut aussi emmener les très jeunes enfants visiter des usines, car ça les passionne.
Nous avons en France ce vilain défaut d’avoir tendance à dénigrer les métiers manuels et techniques. Comment peut-on faire évoluer cela justement ?
Je pense que ça devrait commencer à l’école, et même à l’école primaire comme le font les Allemands. On doit développer une culture de la technique, car nous sommes mauvais en la matière. Si un élève s’intéresse à la technique on l’envoie en filière professionnelle, et on le dénigre en expliquant qu’il est en bac pro car il n’avait pas le niveau pour être en filière générale. Alors que bizarrement, n’importe qui, quel que soit son secteur d’activité ou sa catégorie socio-professionnelle, ressort systématiquement émerveillé d’une visite d’usine. Les petits, même les très petits doivent aller visiter ce type d’environnements de travail, de la même façon qu’on leur fait faire du sport ! Il faut les associer émotionnellement à ce monde de la production qui est réel. C’est aussi de ça que viendra ce changement de paradigme et de mentalité nécessaire dont nous avons tant parlé dans cet entretien.
Un immense merci à Pierre Musso pour sa disponibilité et sa sympathie, ainsi qu’à Anne Asensio qui m’a soutenu de la meilleure des manières en organisant cette rencontre (🙏).
Je vous retrouve pour la prochaine édition de la newsletter qui sortira en octobre, ainsi que pour un prochain épisode de podcast à la rentrée, avec un invité de dingue… 🤫🚗❓
D’ici-là, je vous laisse vous délecter du dernier épisode aux côtés d’Anaïs Voy-Gillis !
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